Biographie
Robert Deffo naît en 1947 dans le village de Bangouo au Cameroun, d’une famille de dix enfants. Son père est polygame.
Dans son village, Robert part à l’école avec son petit frère sur le dos, alors qu’il a à peine 7 ans.
Il aimait jouer au football mais comme il est pauvre, il construit son propre ballon grâce à la résine d’un arbre du pays Bamilékè.
Grâce à ses copains qui vont au catéchisme et qui lui parlent de Dieu, Robert à 7 ans s’inscrit au cours de préparation au baptême à la mission de Bangouo à plus de 4km de la case familiale de ses parents. L’instituteur-catéchiste voyant qu’il est très motivé l’accueille gratuitement moyennant quelques services.
Il reçoit le baptême à 10 ans, son père animiste le laissant libre.
Elève brillant, il passe son certificat d’études à Bafoussam en 1965. Ses professeurs l’encouragent à poursuivre ses études. Il projette d’entrer au séminaire mais devant le refus catégorique de son grand frère, il est envoyé au lycée de Manengouba à Nkongsamba. Il se rajeunit de 4 ans pour repasser son certificat d’études et prend alors le nom de Naoussi. Il loge chez un tuteur et travaille chez lui pendant les vacances pour compléter les 5000 francs CFA soit environ 15 euros donnés par l’école. Robert est très pauvre et pourtant , il partage le peu qu’il a avec les plus pauvres que lui. Il donne souvent son maigre repas avec le fils de son tuteur et part le ventre vide à l’école.
Même si son tuteur ne pratique pas, Robert a un grand désir de servir la messe à la cathédrale. Il entraîne ses copains et les regroupe pour la prière. Il ne cesse de rendre service à tous ceux qu’il rencontre. Il aime aussi amuser les autres par son talent de comédien. Robert est joyeux. C’est un jeune normal qui aime vivre , et répandre la joie autour de lui.
Ses résultats sont tellement bons que le directeur de l’école remplit un dossier pour que Robert obtienne une bourse pour poursuivre ses études.
Fin de l’année 1968, son directeur l’envoie à l’infirmerie car il maigrit beaucoup et ne peut plus pratiquer autant le football qu’il chérit particulièrement. Au printemps 1969, son corps se couvre de boutons qui suppurent et son état de santé se dégrade.
La maladie est diagnostiquée : la lèpre lépromateuse, inguérissable.
Il est envoyé à la léproserie de la Dibamba le 16 mai 1969 où l’accueille le Père Raymond Jaccard, prêtre français aumônier de la léproserie depuis deux ans.
En arrivant à la léproserie, il lui demande « Qu’est ce que je viens faire ici ? »
Le Père lui répond : « Petit Robert, je ne sais pas . Il y a que JESUS qui peut te répondre »
Accompagné par la prière et l’amitié du père Raymond, Robert va répondre encore plus généreusement à l’appel de JESUS et découvre le sens profond de sa maladie. Il offre ses souffrances pour que ses frères et sœurs connaissent eux aussi JESUS, ainsi que tous les jeunes de sa génération.
Pendant cette année marquée par de grandes souffrances physiques, Robert ne cessera de prier pour les autres, de rayonner la joie à tous ceux qui viennent le voir .
Fin 1969, Le père Raymond lui raconte l’histoire de la petite Thérèse de l’Enfant JESUS. Il découvre alors sa véritable mission. Il veut être missionnaire avec sa lèpre et conduire tous les autres au ciel.
Tous ceux qui le rencontrent sont touchés par sa joie, sa prière, son sourire, son regard et sa foi.
Il accueille avec une très grande générosité les terribles souffrances physiques et les soins douloureux qui lui sont prodigués deux fois par semaines deux à trois heures. Il demande à Dieu d’en rajouter encore plus pour être plusproche de JESUS sur la Croix.
De jour en jour, accompagné par son ami le Père Raymond Jaccard, Robert grandit dans l’union à JESUS, par MARIE dans l’offrande totale de sa vie au Seigneur.
Robert est un vrai pauvre. Il s’intéresse aux autres et à tous ceux qui viennent le voir. Il ne rate jamais une occasion de remercier. L’autre est plus important que lui et que sa souffrance.
Tous ceux qui ont rencontré ce petit lépreux si malade ressortent de sa chambre toujours remplis de joie et enrichis.
Quand il recevra sa bourse, le père lui proposera d’en garder une petite partie.. Mais lui veut tout donner à son frère qui est cheminot à Douala alors que son frère ne viendra jamais le voir. Robert ne voulait rien garder pour lui. Il voulait tout donner.
Il a suivi JESUS sur la Croix dans l’absolu de l’Amour.
Robert vit sans cesse avec Maman Marie et ne quitte pas son chapelet. Il lui confie tous ceux qu’il rencontre, ceux qui le soignent, les intentions qu’on lui confie,
C’est dans la prière qu’il trouve la force d’affronter les souffrances qui le traversent , souffrances de plus en plus grandes. Papa Louis, son infirmier en pleurant devait couper des lambeaux de chair nécrosés dans le dos et les jambes alors que les anesthésiants n’avaient aucun effet.
Dans l’évangile, Robert aimait écouter la Passion de JESUS et il s’y unissait de plus en plus profondément dans le don total de JESUS à son Père.
A l’école de la petite Thérèse, Robert découvre la fécondité de la souffrance offerte par amour à JESUS. Il progresse généreusement et très rapidement dans cette voie de sanctification et d’amour. Disciple de Marie co-rédemptrice à la Croix, Robert fait de sa souffrance un instrument de travail pour ouvrir la route du ciel à ceux qui ne connaissent pas Dieu. Il disait : « Ma souffrance, c’est comme une machette pour débroussailler la route du Ciel à ceux qui ont pris un mauvais chemin . Et en arrivant, ils demanderont au Seigneur « Mais qui nous a ouvert la route…. » Et le Père leur dira « C’est ce petit lépreux devant qui l’on se voilait la face »
Avec les corticoïdes, Robert a une période d’accalmie qui ne dure que 15 jours. Les boutons disparaissent au point qu’il fait à nouveau des projets d’être instituteur ou catéchiste….
En juillet 1970, le seul médecin qui accepte de le recevoir en consultation à Douala fait comprendre à Robert qu’il n’y a plus rien à faire. En rentrant de la visite, il s’exclame: « Maintenant, ma vocation c’est d’aimer et d’offrir ma souffrance par amour. Mon chemin de croix s’achève. Il me reste encore une dernière station à vivre avant d’aller voir notre Père. J’ai hâte de vivre pour toujours avec lui. »
Le 15 août au matin, en parlant avec le Père Raymond, il veut offrir un cadeau à Marie pour sa fête mais il n’a plus que ses yeux d’intacts et lui offre ses yeux.
Le soir, il est aveugle. Marie l’a exaucé dans le désir de donner sa vie totalement et librement à JESUS pour tous les hommes.
Cette offrande a pour lui un sens : sauver tous ses copains qui ne connaissent pas Dieu.
Le père doit quitter la léproserie pour un stage à Paris qui durera trois mois.
Le dimanche 27 septembre, Robert est très faible. Il reçoit le sacrement des malades vers 16h et répond aux prières
remuant avec conviction la tête de gauche à droite en disant au moment du viatique : « Mon Dieu, je ne suis pas digne de vous recevoir. »
Peu de temps après, il parle avec sœur Albert : « Je prie le Seigneur toujours et toujours d’alléger le fardeau. La mort vient, elle commence à être là. »
-Tu as dit que tu voulais la volonté du Seigneur ?
-« Oui, même si sa volonté c’est ma mort. »
-Tu sais bien que mourir, c’est voir Dieu ?
– « Oui, c’est le bonheur. »
Le mardi soir, il peut encore communier et partager à ceux qui le soignent comment faire leur action de grâce. La journée du mercredi est très pénible, visiblement, il est uni aux prières sans pouvoir articuler une parole.
Le 1er octobre, à minuit et quart, jour où l’Eglise remet la fête de la petite Thérèse à cette date, la petite thérèse vient le chercher après un passage très doux et calme.
Quelques minutes avant de mourir, il balbutie un : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, votre enfant, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvre pécheur, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen. »
Il a prié jusqu’à son dernier soupir. La sœur Albert l’a veillé en lui tenant la main pour l’aider à passer des ténèbres à la lumière. Ses derniers mots sont : « Dites au frère Raymond que je ne l’oublierai jamais. »
Apprenant sa mort, les malades, surpris, se lèvent, prient avec ardeur et chantent dans un grand recueillement. A la Dibamba, ils continuent de prier toute la nuit et toute la journée du lendemain, jusqu’à 16h, avant de le conduire vers sa dernière demeure.
Depuis le 1 octobre 1970, le souvenir de Robert est resté très vivant à la Dibamba, au Cameroun et même dans l’Eglise universelle. Assez vite, les jeunes sont venus prier sur sa tombe et lui confier leur vocation ou des soucis de famille, de travail, de santé.
Ils ont élevé un mausolées où sont repris des phrases de Robert.
Quelques semaines après son départ, le Père Daniel Ange apôtre des jeunes visitera la Dibamba et restera marqué à vie par la présence et le témoignage de Robert qui deviendra un des parrains spirituels de son école jeunesse lumière.
Le Père Jean Pierre Batoum en priant sur la tombe de Robert sera inspiré de créer une école d’évangélisation Robert Naoussi.
Quant à la vie missionnaire du Père Raymond Jaccard, elle restera profondément marquée chaque jour par la présence spirituelle de Robert et par cette phrase : « Dites au Père Raymond que je ne l’oublierai jamais ». Il sait que c’est à la prière de Robert que son frère Pierre l’a rejoint et qu’ils ont pu commencer leur vie de service des plus souffrants : les lépreux, les petites filles de la rue, els grands amputés des camps de réfugiés, les enfants polios..
Ils ont pu opérer et appareiller et remettre des milliers de gens debout dans l’espérance grâce à la prière de Robert qu’ils invoquent chaque jour.
Après avoir prié pendant 50 ans, et gardé vivant le souvenir de Robert avec les chrétiens du Cameroun, Mgr Kleda Archevêque de Douala désire présenter le petit Robert Naoussi à la cause des Saints à Rome. Cette décision s’est prise le jour anniversaire de la mort de Robert le 1 octobre 2020.
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