Robert en chantant a éloigné la lèpre de la Dibamba!

2 Nov, 2020 | Témoignages

Témoignage de Papa Louis, son infirmier:

Journaliste :  Vous avez connu Robert Naoussi. Dites-nous dans quelles circonstances ?

Papa Louis :  J’ai connu et j’ai soigné Robert Naoussi. Il est venu ici en 1970, Il est  venu ici sans son père sans sa mère ou quelqu’un de sa famille. C’est, un taxi que l’a amené ici. Le matin quand je suis arrivé à mon travail, la sœur m’a dit « il y a un jeune garçon là. Il faut que tu t’occupes de lui ». J’ai répondu : « Ma sœur je suis ici pour travailler, je vais m’occuper de lui ». Cela m’avait épaté, je l’ai trouvé comme je n’avais jamais vu un cas comme ça. Il était gravement malade. Il n’arrivait plus à marcher. Il devait rester sur le lit. Il était toujours au lit. Si quelqu’un vous dit qu’il a marché c’est faux. il n’a jamais marché,  il restait toujours dans sa chambre.

Journaliste : Comment se passaient les soins ?

Papa Louis :  Oh !Je vous dis que c’était un saint. Parce que je venais avec mon plateau de produits et il me disait : «  Papa Louis est là, suivi de la sœur. Ô, encore c’est la mort aujourd’hui pour moi parce que je souffre, je souffre atrocement! »

 J’étais obligé de le soigner et en le soignant il disait : « Va-t’en la lèpre, va-t’en Matoutou, va-t’en la lèpre » parce qu’il avait les nodules. 

À un moment donné je commence à pleurer moi-même. Je me disais : « Non, cela ne peut pas aller ». Il était tellement bandé qu’ on faisait 2h de soin pour lui tout seul. Quand il commençait à crier, je devais arrêter. Des fois c’était 3h et il me disait, « Soigne-moi et que le bon Dieu ajoute encore la lèpre sur moi, parce que ma génération ne doit plus continuer à souffrir. Je ne veux pas, va-t’en Matoutou, va-t’en la lèpre ». Il parle toujours de ça. Ses jours de traitement étaient les mardis et les vendredis. Quand il voit que j’arrive avec mon plateau, je sais, ça y est, il est complètement foutu.

Journaliste :  On peut dire papa Louis que le jeune Robert été un malade différent des autres ?

Papa Louis : Oui, oui, il était particulier. Il n’était pas comme les autres. Il ne disait pas : « Pourquoi je suis malade ? ». Les autres malades me disaient quand je les soignais : « oh pourquoi c’est moi qui suis malade ? Dans ma famille ils sont nombreux et c’est moi que le bon Dieu a vu ? »

 Mais Robert, il ne s’est jamais plaint comme ça. Il disait… « Je veux que le bon Dieu ajoute la maladie sur moi, qu’il ajoute, qu’il ajoute toujours ».  Le matin quand j’arrivais, je pratiquais les soins,  il n’y avait rien.  Et pourquoi le jour suivant il y a tant de nodules qui sont sortis ? je ne comprenais plus mon malade. Moi le soir , je le soignais et il me dit que le Bon Dieu ajoute la maladie sur lui. C’est son expérience mais, plus simple que ça…, le Bon Dieu va l’aider nous on n’aura plus la lèpre !

Loic : Dites-nous quelle relation Robert entretenait avec les autres malades ?

Papa Louis : Robert était à la maison ici et il n’avait pas de parti pris. Il était toujours avec son sourire. Il était content de voir toujours les malades près de lui. Il ne demandait pas pourquoi tu es venu ? Non, il avait toujours envie qu’on lui rende visite. Toujours.

Loic :   Vous qui avez soigné Robert, dites- nous si la foi qu’il a développée pendant sa maladie a eu un impact sur vous, l’infirmier qui le soignait?

Papa Louis : Oui, je vous dis que oui, parce qu’ il m’a dit : « Papa, ce que tu as à me faire, fais-le, et tu as le courage de soigner d’autres personnes et qu’ils soient guéris ».

 J’ai eu ça, quand les malades arrivent je les prends avec mes mains et ensuite je leur dit : « Le bon Dieu va te guérir » … et cela arrive comme ça :  le Bon Dieu les guérit. On enlève les malades à l’hôpital de Douala pour les ramener ici. On doit soigner  les pieds alors je leur dis : «  Comme tu es venu, regarde, le Bon Dieu va te guérir », et puis après une semaine, deux semaines et ils commencent à marcher, sans problème, à la gloire de Naoussi Robert !

Loic : Comme vous, est-ce qu’ il y a eu d’autres infirmières/infirmiers qui ont eu leur vie changé après avoir côtoyé Robert ?

Papa Louis : oui, il y en a beaucoup qui l’ont vu. Robert est là, ils le soignent, on le soigne bien, il n’y a pas de parti pris, il était toujours content avec nous les infirmiers.

Loic : À cette époque il y avait le père Raymond Jaccard qui a entretenu une relation particulière avec le jeune Robert. Pourriez-vous nous parler comment est-ce que le père Jaccard s’entendait avec Robert ?

Papa Louis : le Père Jaccard avant de commencer la messe,  il vient et reste à côté de notre petit Robert. Ils prient ensemble, Père Raymond lui donne à manger pendant qu’ils prient, ils prient, tous les jours, tous les jours.

Loic : avec le temps, après le décès de Robert on sent qu’il y a un certain engouement des gens qui se souviennent de lui. Est-ce que foncièrement  quelque chose a changé la léproserie de la Dibamba ?

Papa Louis : Oui. Il y a des gens qui viennent toujours prier sur la tombe de Robert et çà change aussi quelque chose à la Dibamba, parce que les gens qui viennent, ils nous amènent des cadeaux pour les malades. Quand ils viennent les gens là-bas, ils donnent des cadeaux aux malades, ils donnent tant d’autres choses.

Quand ils partent vers la tombe de Robert Naoussi, ils prient très bien, puis ils s’en sortent. Quand ils prient beaucoup Naoussi Robert ils s’en sortent, il n’y a pas d’autre chose.

Loic :  Est qu’il y a des témoignages des personnes qu’ayant prié sur la tombe de Robert ont reçu des grâces ?

Papa Louis :  Oui, il y en a, il y en a beaucoup, mais comme ils ne sont pas d’ici, je ne compte même pas leur nom. Il y a les enfants qui ayant leurs examens viennent prier…des fois quand cela ne va pas à l’école, ils viennent prier et après, tout se passe bien.

loic :  Dites-nous un peu papa Louis comment est-ce que les populations on réagit lorsqu’il est décédé ?

Papa Louis : Lorsqu’il est décédé tout le monde a crié. Il disait : ô Naoussi, ô Naoussi, il nous a quitté et il ne donnera  plus de conseils. Lorsqu’on aura besoin qui c’est qui va nous conseiller ?

Dans les conseils il demandait de prier toujours beaucoup.

Loic : Après son décès est-ce qu’on a vu que la foi a grandi dans le village ?

Papa Louis : Oui, oui, on a vu ça pour les malades dans le village. Pour tout le monde dans les villages ici. Personne ne disait pas oh il était méchant. Non. Personne n’a pas dit comme ça ici.

Loic : Est-ce que par sa vie, par sa façon d’être, vous avez l’impression qu’il y a eu un impacte, que ça a changé d’une manière comme d’une autre la vie ici ?

Oui, regardez, lorsqu’il est venu il n’est jamais sorti d’ici, toujours dans son logis, nous sommes restés avec lui. Et c’est là-bas qu’il était bon nous sommes allés toujours le voir.

loic : Vous étiez son soignant, est-ce que la manière d’être de Robert a impacté les autres malades ? Même dans l’acceptation de leur état de malade ?

Papa Louis : Bien, il était là. Il y avait beaucoup de malades qui passaient chez lui. Il se disaient : comment un homme comme lui et dans cet état ? Pourquoi cette maladie ? Ce n’est pas bon. Il donnait beaucoup d’émotion dans le cœur des malades parce qu’on ne voyait pas de malade qui était comme lui.

Loic : Est-ce que beaucoup se sont mis à son école et accepté la maladie comme lui ?

Papa Louis : Oui beaucoup. Beaucoup de gens ont acceptés leur maladie, leur souffrance.

Loic : Vous avez dit qu’il priait beaucoup. Est-ce qu’il priait seul ? Est-ce qu’il priait avec les autres malades ?

Papa Louis : Comme je vous dis Robert était toujours dans sa chambre dès que quelqu’un arrivait et il pouvait toujours prier. Il était là. Il était toujours avec les gens. Mais les gens n’allaient pas beaucoup, parce qu’ils avaient peur qu’il soit fatigué, qu’il puisse être en train de faire autre chose. Comme il était gravement malade les gens venaient, mais ils essayaient de ne pas trop lui fatiguer. Même Père Raymond aimait être toujours avec lui pour lui donner des conseils, pour prier tous le temps, Père Raymond était toujours à côté de lui.

Loic : À la fin papa Louis, qu’est-ce que vous retenez de la vie du jeune Robert ?

Papa Louis : Moi je dis que Robert c’est un saint!

Parce que tout ce qu’il a parlé c’est réalisé. Parce qu’à un moment on avait plus la lèpre. Ils sont tous guéris.

Quand il disait « va-t’en Matoutou » comme quoi qu’il y en ait juste sur lui, il éloignait la lèpre, il n’y en a plus. C’est pour cela qu’on a dit qu’elle est radiée. Et quand on a vu que c’était fini, qu’on avait vu les gars qui venaient pour la lèpre ici. On a cru ce qu’il avait dit. Ce que Naoussi a demandé cela existe c’est très beau d’accepter ça. Ce n’est que maintenant que ça recommence à venir encore.

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